Pierre Bellanger et Alerte Enlèvement
C’est en 2002 que Pierre Bellanger, fondateur et dirigeant de Skyrock, a eu connaissance de l’existence du système AMBER Alert aux États-Unis et a aussitôt imaginé qu’il soit transposable en France.
Au cours de ses démarches, Pierre Bellanger a rencontré Nicole Guedj, alors secrétaire d’État aux Droits des victimes, le 12 juillet 2004 afin de la sensibiliser sur son projet de développer AMBER Alert en France. Cela permit d’initier un voyage d’étude au Canada où le système était opérationnel, ainsi qu’un groupe de travail de faisabilité fin 2004.
Nicole Guedj est alors appelé à d’autre fonction et ne donne pas suite au projet (voir échanges).
Le dossier est alors repris par Valérie Pécresse, députée, à la suite d’une réunion publique le 10 octobre 2005 où Pierre Bellanger évoquait sa difficulté à imposer l’alerte AMBER.
Cette dernière organisa une rencontre le 21 octobre 2005 avec Étienne Apaire, conseiller pour les affaires pénales et les victimes au cabinet du Garde des Sceaux, à la suite de laquelle le dispositif fut enfin mis sur les rails. Enfin, le 28 février 2006, une convention visant à mettre en place un système d’alerte en cas d’enlèvement d’enfants est signée par le Garde des Sceaux de l’époque, Pascal Clément.
Permettez moi d'avoir de gros doutes sur ce système et sur la démarche de Pierre Bellanger. Alerte enlèvement a été déclenché seulement 27 fois depuis 2006, alors que chaque année en France ce sont des dizaines de milliers d'enfants qui disparaissent. Comme si tout était orchestré pour minimiser l'enlèvement d'enfants, le trafic d'enfants en France.
Et le pire c'est que ce Pierre Bellanger a été condamné, en 2008, en première instance à 4 ans d'emprisonnement dont 3 ans avec sursis et 15.000 euros d'amende. Après avoir fait appel de la décision, la cour d'appel de Paris l’a condamné finalement à 3 ans de prison avec sursis et 50.000 euros d'amende.
Il échappe donc à la prison ferme.
L'accusation reprochait à l'homme de radio d'avoir «favorisé la corruption» de Laeticia,17 ans au moment des faits, «en l'initiant à diverses formes de sexualité, notamment de groupe, homosexuelle ou sado-masochiste, y compris avec la participation de sa soeur aînée».
Fin 1999, dans un appartement parisien. Emmanuelle, 19 ans, vit une «polygamie choisie» avec Pierre Bellanger, fondateur et PDG de Skyrock, et deux autres femmes. Ce petit groupe s’est baptisé «Halcyon». Emmanuelle présente alors à son amant sa soeur de 17 ans, Laetitia, et lui «offre sa virginité». «Fascinée» et «subjuguée» par le quadragénaire, mise en confiance par les autres concubines, Laetitia finit par accepter ces relations sexuelles.
Elle a témoigné, lundi 6 octobre 2008, devant le tribunal correctionnel de Paris. La voix brisée par l’émotion: «J'étais paralysée. Je me suis laissée faire».
Cette jolie brune devient de facto membre du groupe «Halcyon».
Elle y demeurera huit mois, avant d'être exclue: elle a rencontré un autre homme.
La jeune femme raconte au juge d'instruction le mode de vie très particulier de cette communauté: veillées spirituelles, jeûnes, relations sexuelles parfois multiples, obligation d'écrire un journal intime très codifié mettant en scène «l'Ame», «l'Ego» et «la Bête» et contrôlé régulièrement par le «maître», Bellanger. Et surtout des sanctions quand on ne respecte pas les rites, de la douche glacée aux expositions nues sur le balcon, en passant par les excuses nues et à genoux.
Laetitia avait porté plainte trois ans après les faits en estimant avoir été «manipulée» et «humiliée».
Les faits, pas contestés, ont été étayés par une perquisition, rue Qincampoix et la saisie de centaines de lettres, notes, petits mots et photos racontant en détail la vie d' « Halcyon », du nom que la communauté avait donné à l'appartement. Pierre Bellanger évoque une « quête spirituelle » pour justifier ce choix de vie. De ses études à Janson-de-Sailly, il garde surtout le goût de la philosophie, « Kant et Spinoza, le besoin de se connaître soi-même ».
Adolescent, il vit « une sexualité vigoureuse, curieuse », l'attrait pour les jeux de domination et les expériences à plusieurs se dessine. La rencontre avec Aude, une femme aux tendances-sadomasochistes est « fondamentale ». Il partage alors sa vie avec Cathy. Celle-ci, pour le garder, accepte une relation à trois. Aude partie en 1994, Pierre Bellanger et Cathy, avec qui il a eu quatre enfants, n'ont pas cessé depuis de vivre en polygamie.
La présidente de la 15ème Chambre a une toute autre lecture : « Quand on lit de près votre journal intime, votre quête spirituelle n'est pas si évidente, il semble que le sexe soit très, très important. Encore une fois, être obsédé sexuel, ce n'est pas le problème, le problème c'est de l'avoir imposé à une mineure. »Ce goût pour le sexe, et une totale liberté d'expression, est la marque de fabrique de Skyrock. Régulièrement, la radio est condamnée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel pour ses dérapages à l'antenne, notamment dans l'émission de Difool. Dans une réponse adressée au CSA en janvier, Pierre Bellanger écrivait : « La crudité est une bénédiction, car elle décomplexe, libère, modère, amuse, lève des tabous et des ignorances qui font mal. »
Lætitia, lycéenne, passe de plus en plus de temps à Halcyon. Chaque week-end, et le mercredi, Pierre la baptise «
l'oracle
». Assez vite, les femmes lui expliquent que si elle veut rester dans la communauté, il lui faudra partager le lit du « Maître », selon la terminologie de la rue Quincampoix.
Lætitia est vierge, mais elle est « persuadée qu'il n'y aurait pas de relations sexuelles, puisque Pierre vivait avec ma sœur ». Celle-ci lui explique que coucher avec Bellanger, serait «
le plus beau cadeau
» que Lætitia puisse lui faire. A Halcyon, chaque femme doit en recruter une autre, de préférence jeune. Une ancienne femme du patron de Skyrock a expliqué qu'il préférait des jeunes car cela garantissait «
un ego et une personnalité peu développés
».Dans une note saisie par les policiers, Cathy s'était engagée auprès de Pierre à « dresser » et « à amener d'autres jeunes femmes dans le lit du Maître » .
Une autre femme qui raconte qu'elle devait « demander à Pierre l'autorisation de jouir et le remercier quand il la lui accordait », a signé des textes ainsi : « Aude, ta petite esclave de premier rang qui voudrait tant t'amener une esclave de deuxième rang ».
La jeune fille partage des relations à plusieurs, y compris homosexuelles, en présence de sa sœur Emmanuelle . Chaque soir, Lætitia doit écrire dans un journal intime que le « maître » avait exigé et qu'elle devait déposer devant sa porte. Le récit est structuré autour de « la Bête » (le Mal), « l’Âme » (le Bien) et l' « Ego » (la partie de l'être qui décide). « On me disait un peu quoi penser » estime avec du recul la jeune femme. La lecture de ce texte donne une idée de la confusion dans laquelle vivait l'adolescente : « Ce matin, alors que Pierre dormait, je suis montée dans la cuisine et j'ai fait du bruit. C'est dégueulasse d'avoir réveillé Pierre. Je lui ai manqué de respect. » ; « Pierre nous fait l'amour dans la beauté. Il rend la sexualité puissante et merveilleuse. Pierre est beau. » « Ce journal est la pierre angulaire de la perversion , a argumenté l'avocat de Lætitia, Maître Rodolphe Bosselut, un spécialiste des affaires de sectes. En imposant à cette jeune fille une narration pornographique, on voit bien le rapport d'initiation et de domination. » Domination encore, le serment du secret.